Déambulations en la Cité des Lumières.

[color:320f=orange][size=18][center]_- La Cité -_[/center][/size][/color]

La Cité des Lumières s'étale dans une vaste vallée nichée entre les bras rocheux des montagnes de la Bordure. A une extrémité, un vaste lac qui alimente la ville en eau potable. De l'autre se tient la cité, une haute et épaisse muraille de pierre blanche veinée de gris. Le sol ici n'est pas plat, et les constructions s'étagent en plusieurs paliers qui offrent une manière toute naturelle de séparer les différents quartiers. Le premier regard que l'on pose par-dessus cette muraille est pour les flèches jumelles des tours de la cathédrale, aussi blanches que les nuages, aériennes, elles annoncent la force et la hauteur de la Foi.

De faction sur les murs, des Lanciers. Pourtant, leur présence parait bien dérisoire alors que la seule voie d'accès praticable par une potentielle armée est solidement gardée par deux tours accrochées aux parois du col, reliées d'un pont qui se jette entre elles.

Les lourdes portes, qui écrasent l'arrivant de leur masse, sont largement ouvertes. La Foi est grande et puissante, mais elle vous accueille en son sein avec chaleur.

L'on débouche directement sur cette large avenue qui traverse la ville en ligne droite, gravit les étages pour mener jusqu'au parvis de la Cathédrale, loin en face. La perspective est saisissante, à croire que la ville entière est agenouillée devant le Tout-Puissant et lève les bras vers lui par l'entremise de la cathédrale.

Les façades des maisons, près de la porte, sont trompeuses, lisses et blanches, rutilantes même, elles dissimulent les quartiers pauvres, leurs ruelles sordides et leurs taudis, aux yeux des visiteurs. Et c'est certainement ce qui représente le mieux la manière de penser des Citoyens des Lumières. Tant que la façade est maintenue, que les apparences sont riches et avenantes, ce qu'il se passe en leur sein n'a que peu d'importance.

Avançons encore, arrivons à l'étage supérieur, les quartiers populaires. Les rues transversales sont relativement étroites, faisant tours et détours pour desservir autant de maisons et boutiques que possible. Le manque de place génère de idées inattendues. Par endroit, les rues se réduisent à de simples passages, une volée de marches, qui passe sous une arche soutenant rien moins qu'un couloir, ou peut-être une pièce, reliant deux bâtiments entre eux. A d'autres, ils faut traverser les minuscules jardinets que possèdent parfois les habitations.

Mais ne nous égarons pas dans le labyrinthe fascinant de ce quartier, ni entre les vitrines des boutiques, poursuivons le chemin sur cette avenue.

Séparant le quartier populaire de celui des nobles, la Grand'place, qui accueille tous les commerçants étrangers qui veulent proposer leurs marchandises. En bordure, des auberges, des tavernes et même quelques hôtels, qui profitent de l'impossibilité pour ces vendeurs de l'extérieur de s'installer définitivement dans la cité pour entretenir une prospérité connue de tous. Il y a de tout, de la gargote trop commune à l'hôtel de luxe.

Et si vous parvenez à vous arracher à l'attraction de toutes ces marchandises inhabituelles, poursuivons. L'étage qui suit est dédié aux Nobles et à leurs familles, les manoirs s'élèvent et s'étalent, disposant de jardins relativement étendus. Les murs sont hauts, souvent rehausses de pointes, les gardes sont impassibles et pourtant bien présents. Tout est propre, blanc veiné de gris. Trop propre, trop lustrer, pour laisser croire à une réelle authenticité. Pour voir la réalité de ce quartier, il faut se faire inviter à entrer, à participer à une réception ou à une soirée organisée par l'un ou l'autre. Et peut-être, si vous restez assez tard, si vous ouvrez la mauvaise porte, vous verrez ce qu'ils dissimulent derrière la façade de la Foi.

Mais ne fourrez donc pas votre nez là où il n'a rien à faire, continuons, allons découvrir cet immense collier de verdure fait à la Cathédrale. Il reste une longue esplanade bordée d'arbres pour atteindre le parvis d'une blancheur étincelante, et par-dessus les frondaisons, on distingue sans peine les vitraux multicolores, assemblages abstraits qui ne semblent présents que pour enjoliver plus encore ce fronton sculpté. De droite, de gauche, deux route pavées contourne le fief de l'Archevêque pour aller se perdre entre les bâtiments et jardins du Conservatoire.

Soyez humble en vous présentant devant ces deux hautes portes noires, soumettez vous au Tout-Puissant pour passer sous les voutes élancées et admirer chaque colonne sculptée, chaque visage de pierre qui vous regarde, et vous laisser pénétrer de la profondeur de la Foi qui règne en ces lieux sanctifiés.

[color:6628=orange][size=18][center]_- Extra-Muros -_[/center][/size][/color]

En face des portes de la Cité, au terme d'une longue pente herbeuse, un lac aux eaux cristallines s'étale. Bien trop froid pour qu'on y voit souvent des baigneurs, sa rive la plus au nord est interdite à quiconque n'a pas reçu l'autorisation d'y accéder, puisque là-bas repose le complexe système de pompage - fonctionnant à la vapeur - permettant l'alimentation en eau courante de la ville. Tout y a été soigneusement étudié pour que seule une dizaine d'ouvriers soit nécessaire pour l'alimentation de la pompe. L'ingénieur en charge du bon fonctionnement de la machine dispose d'une maisonnette sur les abords du lac.

A l'extrémité opposée, la montagne referme ses bras sur le vaste plan d'eau, les rives accessibles sont bordées d'un bosquet touffu mais peu large. On y trouve des recoins presque paradisiaques, qui ont la faveur des comploteurs qui voudraient pouvoir parler sans craindre d'oreille indiscrète autant que des amoureux transis. D'autant plus que la fraîcheur perpétuelle qui règne ici - voire le froid lorsque l'hiver se profile - oblige la plupart du temps à se pourvoir en couvertures pour trouver un semblant de confort.

A hauteur de la cité, la route se divise en deux, si l'une des branches mène jusqu'aux portes, l'autre permet de s'enfoncer dans la montagne. Elle se transforme bien vite en une sente montagneuse, puis en une piste parfois difficilement repérable, qui grimpe dans les montagnes, serpente entre les cols et les ravins, pour desservir les rares villages disséminés sur les plateaux et vallées de la Bordure. La vie y est particulièrement rude, et l'on y croise quelques maisons de bucherons ou des fermes vouées en grande partie à l'élevage. Les Montagnards sont méfiants à l'égard de tous, encore plus de ceux qui n'affichent pas ouvertement leur attachement au Tout-Puissant. Beaucoup de leurs enfants quittent leurs monts natals pour descendre jusqu'à la Cité, espérant y trouver une vie meilleure. Et pour beaucoup, ils n'y trouvent qu'une vie dans l'ombre des bas-quartiers de la ville blanche.

Et lorsque l'o parvint à traverser entièrement traverser ce dangereux massif, on débouche sur un vaste plateau pierreux qui semble avoir été taillé aux coups d'une hache gigantesque. Plat, il tombe à la verticale jusque dans l'océan, à plusieurs centaines de mètres plus bas.